Après 1 305 couches changées, 1 256 boires et un nombre d’heures de sommeil nébuleux, me voici de retour de congé de maternité. L’arrivée d’un enfant dans ma vie est un cadeau précieux que j’ai longtemps souhaité. Cela dit, durant la dernière année, j’ai énormément appris sur moi-même et mon rapport au travail. Je vous fais part de mes constats en toute vulnérabilité et humilité. À chacune son expérience, voici la mienne.
Ne plus travailler du jour au lendemain, c’est déstabilisant
Depuis ma sortie de l’université, je me consacre à ma vie professionnelle. J’aime ce que je fais profondément, je ne compte pas les heures. Je ne me pose pas de questions sur ce que je fais du lundi au vendredi : je travaille.
Durant ma grossesse, on m’avait fortement recommandé de prendre du temps pour moi avant l’arrivée du bébé, de me reposer et me préparer mentalement. J’ai suivi ce conseil et je peux vous affirmer que ces trois semaines ont été les plus longues de ma vie. Être en attente d’un accouchement, avec tout le stress que ça engendre, le tout en éprouvant un sentiment de culpabilité parce que je quittais une équipe qui en avait beaucoup dans son assiette, n’a pas été un bon mélange. J’ai perdu mes repères, j’étais déstabilisée. Je devais combattre constamment l’envie d’ouvrir mon ordi, mon Slack, de contacter mes collègues. Je devais me répéter que je ne suis pas indispensable, que les gens allaient se débrouiller, leur faire confiance et me convaincre que la vie Humanise continuait sans moi. Ce combat interne s’est atténué avec l’arrivée de ma fille, sans jamais totalement prendre fin.
Je ne suis pas qu’une mère, je ne suis pas qu’une professionnelle
Ma vie tourne en grande partie autour de mes réalisations professionnelles depuis longtemps et je me définis en grande partie par mon travail.
Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu être maman. La vie a fait en sorte que ça se produise un peu plus tard que prévu. Je croyais que ce rôle allait me combler entièrement. Oh! Que j’avais tort… Ne vous méprenez pas, j’adore être maman, c’est le plus grand privilège de ma vie, mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir un vide. Avoir des discussions avec des adultes, parler d’enjeux d’affaires, solutionner des problèmes, tout ça me manquait profondément.
De façon très progressive et volontaire, j’ai donc repris le travail plus tôt que prévu. Mais un nouveau sentiment a commencé à m’habiter : la culpabilité.
La foutue culpabilité
Je reprends le travail de façon limitée, mais je ne peux m’empêcher de me dire : pourquoi tu ne profites pas pleinement de ton congé de maternité? Il y a tant de femmes dans le monde qui souhaiteraient avoir autant de temps auprès de leur enfant!
Quand je travaille, je pense à ma fille. Quand je suis avec ma fille, je pense au travail. De là naît mon foutu sentiment de culpabilité, cette impression de ne pas pouvoir donner mon 100 % dans ces deux sphères importantes de ma vie.
Je prends des appels Zoom avec mon bébé dans les bras, je m’excuse parce que ma fille fait du bruit. Je raccroche et je m’excuse à ma fille de ne pas avoir été 100 % concentrée sur elle durant cet appel. OUF!
Cette culpabilité s’est résorbée en partie lorsque j’ai décidé : 1) de choisir deux jours fixes complets de travail 2) et de venir au bureau ces jours-là. Ainsi, ma fille se fait garder par sa Mamie et sa Teta, elle passe du temps de qualité avec elles et je peux me concentrer pleinement sur mon travail. Venir au bureau me permet aussi de faire une coupure plus saine entre mes deux rôles. Je peux être plus dans le moment présent et passer des moments de meilleure qualité avec ma fille lorsque je ne travaille pas. Le sentiment de culpabilité m’habite toujours, mais prend maintenant moins de place dans mon esprit.
Un recul nécessaire
Ce congé de maternité est arrivé à point dans ma carrière. J’ai longtemps eu ce réflexe d’être la gestionnaire qui en prend plus sur ses épaules pour protéger son équipe, et qui ne demande pas d’aide. J’ai les deux mains dedans, alors j’ai parfois de la difficulté à avoir du recul. J’ai donc plusieurs failles comme gestionnaire… cordonnière mal chaussée, vous me direz! Un an plus tard, je suis plus lucide par rapport à ce que devrait être mon rôle et aux facettes que je dois travailler, et j’ai la chance d’avoir une équipe sur laquelle je peux compter.
Cette pause m’a aussi permis de revenir au travail avec une certitude : je choisis encore et toujours Humanise. Dans notre quotidien, on peut être exaspéré de certaines situations, ce qui nous fait voir d’abord et avant tout les aspects négatifs. Mon congé de maternité a été l’occasion de prendre du recul et de réfléchir à ce qui est particulièrement important pour moi au travail. J’ai pu revalider ma volonté de poursuivre la mission d’Humanise en laquelle je crois plus que jamais, et par-dessus tout confirmer mon désir de collaborer avec cet amalgame d’humains talentueux, bienveillants et imparfaits.
Un des facteurs les plus importants dans cette décision? Je sais qu’on me valorise et me respecte dans mon entièreté. Je suis une maman, je suis gestionnaire et je suis une H. Contente de te retrouver, Humanise!
– Valérie Provost, vice-présidente, Talent et Culture, Humanise
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