Entrevue avec Ève Mathieu, présidente de Fieldtrip et Master des Masterclass
Humanise : Salut Ève, ça nous fait bien plaisir de t’avoir avec nous aujourd’hui. Surtout quand on sait à quel point vous êtes occupé·es chez Fieldtrip ces temps-ci.
Ève : Chez Fieldtrip, ça bouge constamment. C’est pour ça qu’on aime notre métier. On aime être dans l’action, c’est certain. On est constamment sollicité·es pour de nouveaux mandats et toujours en mode collaboration avec nos clients, donc ça n’arrête pas!
H : Tu es une des OG des Masterclass, sans aucun doute le moteur puissant derrière toute cette aventure, d’abord propulsée par Bleublancrouge, puis par tout le collectif Humanise. Qu’est-ce qui t’a motivée au départ à lancer les Masterclass?
È : L’idée première vient d’un créatif inspiré à son retour du Festival international des Lions de Cannes. Il avait assisté aux formations Masters of Creativity et voulait lancer un programme similaire à travers l’agence Bleublancrouge.
En collaboration avec lui, j’ai tenu à ce qu’on ajoute la discipline Production, qui n’existait pas dans le programme de Cannes axé sur la publicité. Ma motivation était de faire connaître l’expertise Production, parce que tant que tu n’es pas sorti·e de l’université, on ne te parle pas de production. L’idée était de pouvoir faire évoluer les étudiants et étudiantes dans un vrai 360 en agence, pas juste avec un accent sur la stratégie, la création et le média.
Plus les années passent, plus il y a de programmes spécialisés à l’université, mais à la base, beaucoup d’étudiantes et d’étudiants s’inscrivent en prod et se posent de nombreuses questions par rapport à la discipline et au métier. Les Masterclass étaient et sont une occasion géniale de transmettre notre passion pour la production et de présenter un tour d’horizon aux participantes et participants de toutes les disciplines dans un amalgame réussi, au lieu de les voir en silos comme elles sont souvent enseignées à l’école.
H : C’est vrai qu’on n’entend pas beaucoup parler de production à l’école. Pendant mon baccalauréat en relations publiques, je n’avais aucune idée de ce qu’était la production, et pourtant, en vous voyant travailler, ça m’intéresse beaucoup!
E : C’est important de voir une diversité d’expertises. Ce n’est pas une seule personne qui fait les grosses campagnes, c’est un travail d’équipe.
On oublie parfois que la publicité au Québec ne date pas d’il y a si longtemps. L’aspect production s’est développé en suivant l’évolution de la pub depuis les 60-75 dernières années. Au départ, the sky was the limit en pub. On avait des méga budgets, du temps pour livrer la grande idée créative, réfléchir amplement, développer les campagnes. Le rythme s’est accéléré, les délais sont devenus de plus en plus serrés, et les budgets plus précis. La production est arrivée à des moments où on devait être plus tight. On sert de guides. On est la pieuvre qui rassemble les différents éléments de stratégie et de création.
La gestion de la production, c’est de tout penser de A à Z, de la première idée brouillon dans notre petit cahier Moleskine noir à la livraison finale de la campagne. Le rôle de tout cadrer ça et de faire tout arriver, c’est la prod. L’art de penser aux moindres détails.
H : Les Masterclass, c’est souvent des montagnes russes d’émotions. Qu’est-ce que tu aimes le plus des Masterclass?
È : D’abord, il y a la notion de continuité, d’héritage. On partage notre passion pour la communication et tout le bagage d’expertise qu’on a accumulé à travers nos expériences.
On a aussi la curiosité d’aller plus loin, de toujours faire mieux. Concrètement, chaque année, on essaie d’élever le niveau. C’est le challenge qu’on se donne. Les étudiants et étudiantes sont de plus en plus allumé·es et éduqué·es, le produit final est à chaque fois impressionnant. On veut amener la barre plus haute, c’est un gros défi, mais quand on voit l’évolution, c’est flabbergasting. Si on pouvait dévoiler la rapidité des étudiants et étudiantes, les gens n’en reviendraient pas. C’est important que, nous, on se mette au défi pour que les participants et participantes se dépassent, et qu’au final les meilleur·es remportent un stage.
H : Qu’est-ce qui est le plus inspirant pour les Masters?
È : Je trouve que c’est d’avoir le temps d’écouter, pour capter la spontanéité du moment et les surprises qui s’en suivent!
C’est rare qu’on ait le temps d’écouter les Masters raconter leur expérience avec des exemples concrets et partager tout leur bagage. C’est ça qui m’allume le plus. Entendre toutes les histoires possibles et pas possibles, les raisons pour lesquelles on ne peut pas livrer une campagne à la dernière minute, les péripéties lors d’un tournage, les fous rires pendant la préparation d’un pitch. C’est vraiment trippant pour les Masters de raconter ces anecdotes pas si anodines, et c’est rassurant, je crois, d’entendre que ce n’est jamais parfait. Je trouve que ça donne plus le goût d’entendre ces histoires que de se faire dire quoi faire ou ne pas faire, et c’est la formule qu’on propose dans les Masterclass.
Même pour nous qui nous côtoyons tous les jours, je découvre à travers ces présentations des facettes de la personnalité de mes collègues que je n’avais pas entrevues. J’aime apprendre comment les gens pensent et travaillent chez Humanise. On est riches de nos humains et humaines. Les Masterclass nous le prouvent chaque année.
H : Et selon toi, qu’est-ce qui différencie les Masterclass des autres programmes?
È : Je pense que c’est notre désir de repousser nos limites chaque année. On renouvelle notre programme pour toujours innover. On aime changer la façon de faire et l’approche, notre recette évolue pour suivre les demandes et les tendances. Par exemple, cette année, on ouvre la porte aux universités en Ontario, on devient un programme national.
Sans faire de gros éclats, on se positionne pour grandir. C’est la magie du collectif, on a un pool de clients différents et diversifiés, ce qui permet d’offrir aux étudiants et étudiantes de nouveaux défis. C’est beaucoup de travail de changer la formule chaque année, mais ça en vaut 100 % la peine.
H : On pousse beaucoup les étudiants et étudiantes. Préparer un pitch en si peu de temps, c’est intense. À quoi tu t’attends des personnes participantes?
È : J’espère qu’elles vont apprendre à se faire confiance et à faire confiance à leur équipe. Il n’y a pas de recette parfaite, il faut assumer et livrer… et s’amuser aide beaucoup dans les moments intenses!
J’ai aussi une autre attente, envers nous : je veux qu’on soit capables d’accrocher leur curiosité. Je veux susciter des conversations, leur donner des outils, pour qu’elles ressortent avec une opinion qui leur est propre sur les Masterclass. Qu’elles aiment ou pas, qu’elles participent seulement pour avoir un stage, je veux qu’elles se fassent une tête sur le programme et notre travail. J’aime les gens qui ont de la saveur, une couleur, une personnalité.
H : As-tu un conseil à donner aux futur·es étudiants et étudiantes qui participeront?
È : Essayez, ça va être un déclencheur d’opportunités pour votre futur.
Je leur conseille aussi d’être honnêtes : si ces personnes ne sont pas dans la bonne expertise et veulent changer, je m’attends à ce qu’elles le communiquent, pour qu’on puisse les réorienter. On est là pour elles.
H : Merci tellement de t’impliquer et de partager ta passion, les étudiants et étudiantes ont vraiment de la chance de t’avoir Ève, et nous aussi! Qu’est-ce qui te stimule toujours autant dans ton métier?
È : Mon métier me procure une énergie naturelle. Je suis mal placée, ma vie est basée là-dessus. Moi, c’est mon univers, mon père était là-dedans, mon chum est là-dedans, ce n’est peut-être pas winner de dire ça, mais je me définis par mon métier. Je sais, c’est hyper cliché, mais ça me définit.
J’ai trouvé des ami·es, des collaborateurs et collaboratrices, j’ai épousé quelqu’un qui faisait ça, je me suis lancée corps et âme dans mon travail. Ce n’est pas négatif pour moi, ça me nourrit et ça paraît dans ma personnalité. J’ai trouvé ma place depuis ma vingtaine et, pour moi, il n’y a pas de fin. It gives me fuel. J’aime plein d’affaires dans la vie, et ce métier me permet d’aimer plein d’affaires.
J’allais étudier en économie à Concordia, j’ai choké et je suis allée étudier en publicité à Ottawa. C’est là que j’ai trouvé ma talle. Je voulais apprendre le métier, je suis partie jeune travailler à l’étranger. J’avais soif d’apprendre, c’est vraiment une question de passion.
En même temps, je sais que tu peux faire ce métier sans avoir tout ton univers là-dedans. Il n’y a pas de recette. Tu n’as pas à être fait dans le même modèle que tout le monde. Tu peux faire ton chemin comme tu es, avec les passions que tu as. Tu peux bouger d’une discipline à l’autre. C’est une infinité de possibilités.
H : Un mot pour la fin?
È : Inscrivez-vous! Venez influencer votre parcours professionnel.
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